1976
Vinyl 33 Tours 25cm - Philips - 6641 470
Sorti le 07 novembre 1976 (Johnny avait 33 ans)
1.
Ouverture2.
Prologue3.
Le vieux roi est mort
Le vieux roi est mort depuis moins d'un mois.
L'herbe sur sa tombe ne pousse encore pas.
Le vieux roi est mort mais pas encore froid.
Qu'on change tous les draps pour un autre roi.
Le royaume entier a porté le deuil
Suivi le cortège en criant "je t'aime"
Mais il n'est pas d'arbre perdant une feuille
Qui ne continue à vivre quand même.
Ma mère n'est que reine, la reine n'est que femme.
La femme n'est que chienne, un bâtard l'enflamme.
Casse-toi, ô ma voix, brise-toi, mon coeur.
Mon amour, tais-toi, pleure à l'intérieur.
Il a mis du blanc sur la reine en noir.
Tous deux ont dit "oui" mais leurs voix tremblaient.
C'était moitié rêve, moitié cauchemar.
D'un oeil ils riaient, de l'autre ils pleuraient.
C'est mal et ça fait mal, c'est mal et ça fait mal.
Quand un homme a trop mal, il n'en sort que du mal!
Du mal! Du mal! Du mal! Du mal!
4.
Le spectre du roi
Du fond du royaume des ombres, le vieux roi nous est revenu.
Son ombre est ressortie de l'ombre et nous avons vu, nous
l'avons vu.
[Johnny]
Si le roi refuse sa tombe et qu'il revienne comme je vous
vois
J'irai au royaume des ombres chercher le comment, le
pourquoi.
J'irai au royaume des ombres chercher le comment, le
pourquoi.
Le comment, le pourquoi, le comment, le pourquoi.
5.
L'orgie
Allumées les lanternes rouges
Le palais se transforme en bouge
La viande est rouge, le vin est rouge
Le sang est rouge, les sexes bougent
Le vin couve et l´orgie s´attise
Les rires deviennent gras comme des porcs
Les voiles de deuil font du strip-tease
Le noir devient multicolore
Du beau, du bon, du grand roi
Voyez mon beau père, le crapaud
Du beau, du bon, du grand roi
Grossir et devenir pourceau
Les doigts gras tachent les corsages
Ils glissent de seins jusqu´en croupes
Les mains préparent le voyage
Les peaux s´appellent, les corps se groupent
D´après les mains, il sont bien douze
A s´emmêler en sarabande
Ces apôtres de la partouze
Si pleins, si saouls, qu´aucun ne bande
Ce chien de roi, ce roi des chiens
La queue en baguette de tambour
Qui en rotant du vin du Rhin
Prend la reine et lui fait l´amour
6.
Prière du spectre à Hamlet
Une ombre qui venait de l'ombre
Une ombre noire, une ombre sombre
Une ombre a crié «Oh, venge-moi !»
Une ombre qui paraissait l'ombre
D'un roi du royaume des ombres
Une ombre a crié «Oh, venge-moi !»
Une ombre qui sortait de terre
Une ombre en forme de mon père
Une ombre a crié «Oh, venge-moi !»
7.
Roi vivant
(Pars pas, il veut savoir
Pars pas, oui ton histoire
Pars pas, il veut te voir)
Sur mon cœur de roi dormant
Ils ont posé un serpent
Dans ma vie de roi vivant
Il a planté ses crocs blancs
Et mon cœur de roi dormant
N'a plus été cœur battant
(Roi vivant, roi dormant
Roi mourant, roi d'antan)
8.
J'effacerai de ma mémoire
J'effacerai de ma mémoire
Tout mes souvenirs d'enfant
Depuis couper le cordon
Jusqu'à ma première dent
J'effacerai de ma mémoire
Mes souvenirs de jeunesse
Depuis mes derniers boutons
Jusqu'à ma première caresse
J'effacerai de ma mémoire
Depuis mon premier jour
Jusqu'à la nuit qui vient
Et dans le livre de mon histoire
Les pages deviendront blanches
Du début jusqu'au mot fin
J'effacerai de ma mémoire
Tous me souvenirs d'amour
Depuis mon dernier « je t 'aime »
Jusqu'à mon premier « toujours »
J'effacerai de ma mémoire
Tous mes souvenirs d'hier
Depuis mon premier poème
Jusqu'à ma dernière guerre
J'effacerai de ma mémoire
Mes souvenirs de demain
Et ma tête se videra
Je serai fou, enfin
J'effacerai même ma mémoire
Et le néant s'ouvrira
Mais je ne t'oublierai pas
J'y plongerai avec toi
9.
Je suis fou
Je suis fou comme une tomate, je ne tiens plus sur mes
pattes.
Je marche et vais de travers, je vois rouge et je suis vert.
Pardonne-moi, fou du roi, si je suis plus fou que toi.
Je suis fou comme une ficelle, je me déroule, je m'emmêle.
Je me détache, je m'accroche, je m'use et je m'effiloche.
Je suis fou comme un navire et je vogue sur le délire.
Plus d'étoiles, une nuit d'encre, je ne sais où jeter
l'ancre.
Je suis fou comme un soleil, que ce soit par la bouteille
Que ce soit par Ophélie, je couche avec la folie.
10.
On a peur pour lui
J'ai peur pour son coeur
J'ai peur pour sa tête
Il se monte le coeur
Il se monte la tête
J'ai peur pour sa tête
J'ai peur pour son coeur
On a peur pour lui
On a peur de lui
On a peur pour lui
On a peur de lui
11.
Ophélie oh folie
Le soleil, sans vergogne,
Fait d'une peau vermeille
Une infecte charogne
Fuis devant le soleil
Ophélie, Ophélie, Ophélie
Fuis devant le soleil
Pourrir est sa besogne
Fuis devant le soleil
Il te fera charogne
Ophélie, Ophélie, Ophélie
Ophélie, Ophélie, Ophélie
Ophélie... Oh folie
12.
L'asticot roi
Un roi tombe en asticot, la cause n'est pas entendue.
L'asticot devient le roi et la danse continue.
La charogne est bon fumier, elle devient vite moissons
Et elle nourrit la nation, les hommes, les veaux, les poissons.
La charogne redevient roi, le croquant, le va-nu-pieds
Le croqué claquant du bec qui fait des rêves de bifteck
Mais qui mange du pain sec fait pourtant festin de roi
Quand le lion, roi des félins partage avec sa féline
Une gazelle, sa voisine, pas un des deux n'imagine
Que le roi bouffe du roi, quand un gros roi dit "j'ai faim"
Pas un cuisinier ne bouffe et le roi boit, le roi bouffe
Mais l'arête qui l'étouffe est aussi morceau de roi.
13.
Je lis
Quand la vie est jolie, jolie, je lis
Quand il fait triste, et il fait gris, je lis
Quand je suis seul dans mon lit, je lis
Même quand les rêves me fuient, je lis
Quand je cherche un coin d'oubli, je lis
Quand j'ai besoin d'un alibi, je lis
Quand on me sonne l'hallali, je lis
Quand je perds le goût de la vie, je lis
Quand je lis, je lis, je lis quoi ?
Des mots...
14.
Quel mal te bouffe
Quel mal te bouffe?
Quel mal te ronge?
Quel mal te ronge?
Quel mal te bouffe?
Quel mal te bouffe?
Quel mal te ronge?
Dis-nous, dis-nous, dis-nous, dis-nous
Tes songes, tes songes
Tes songes, tes songes
Quel mal te bouffe?
Quel mal te ronge?
Quel mal te ronge?
Quel mal te bouffe?
Quel mal te bouffe?
Quel mal te ronge?
Dis-nous, dis-nous, dis-nous, dis-nous
Tes songes, tes songes
Tes songes, tes songes
15.
Doute
Doute
Que le soleil nous tourne autour
Qu'une étoile morte puisse briller
Doute
Que la vérité ne soit vraie
Mais ne doute pas de mon amour
Doute
Qu'un Dieu ait tout fait en sept jours
Et que la terre soit une poussière
Doute
De l'infini, de l'univers
Mais ne doute pas de mon amour
Piège à bécasses, trompe-femelles
N'écoute pas le loup qui bêle
Sa langue est d'or, mais ses dents brillent
Piège à pucelles et trompe-filles
Doute
Que l'enfer soit plus chaud qu'un four
Et que la gravité ait un centre
Doute
Qu'un enfant vive dans un ventre
Mais ne doute pas de mon amour
Doute
Que mon cœur batte comme un tambour
Et que ma vie coule des pendules
Doute
Qu'un jour je crève comme une bulle
Mais ne doute pas de mon amour
16.
To be or not to be
To be or not to be
To be or not to be
To be or not to be
To be or not to be
To be or not to be
To be or not to be
Encore choisir, choisir encore
Choisir entre chair et poussière
Entre bleu ciel et vert de terre
Pourrir du coeur, mourir du corps
Quelle question tragique à poser !
To be or not to be
To be or not to be
To be or not to be
Mourir, dormir, un point c'est tout
Plus de justice à voir boiter,
D'amours bafouées à voir ramper
Dormir seul au fond de son trou
Quelle question mortelle à poser !
To be or not to be
To be or not to be
To be or not to be
Mourir, dormir, rêver peut-être ?
Voir chaque nuit les souvenirs
Sortir de l'ombre comme des vampires
Et vous tournoyer dans la tête
Quelle question vitale à poser !
To be or not to be
To be or not to be
To be or not to be
Sans cette peur au cul blafard
Quel est le fou ou le peureux
Qui perdrait le temps d'être vieux
Alors qu'il suffit d'un poignard
Pour que la question soit réglée
To be or not to be
17.
Un trône est sans roi
Le vieux roi est mort
Depuis moins d'un mois
L'herbe sur sa tombe
Ne pousse encore pas
Le vieux roi est mort
Me tendez la pince
Il vient d'autre bois
Il garde ses fesses
18.
Tue le
Quand des sept capitaux
Il choisit un péché
Quand il a un pied en enfer
Quand il manque une marche
Qu'il jure le nom de Dieu
Quand il a un pied en enfer
(Tue-le ! Tue-le ! Tue-le !)
Quand ses doigts sont crochus
Qu'il recompte ses sous
Quand il a un pied en enfer
Quand il se fait plaisir
En rêvant de seins doux
Quand il a un pied en enfer
(Mais ne le tue pas quand il prie
Avec Dieu on ne sait jamais
Ne l'envoie pas au paradis
Tue-le ! Tue-le ! Tue-le !)
Quand pour tourner la page
Il compte sur le vent
Quand il a un pied en enfer
Quand il boit comme un trou
Et qu'il pisse à côté
Quand il a un pied en enfer
(Tue-le ! Tue-le ! Tue-le !)
Quand sa tête est gonflée
Quand il se prend pour un Dieu
Quand il a un pied en enfer
Quand des sept capitaux
Il envie les péchés
Quand il a les pieds en enfer
(Mais ne le tue pas quand il prie
Avec Dieu on ne sait jamais
Ne l'envoie pas au paradis
Mais ne le tue pas quand il prie
Avec Dieu on ne sait jamais
Ne l'envoie pas au paradis)
Tue-le !
19.
Ta mère est putain
Le vieux roi est mort
Ta mère est putain
Te voilà d’un coup
Deux fois orphelin
Le vieux roi est mort
Mais pas encore froid
Qu’on change les draps
Pour un autre roi
C’est mal
C’est mal
C’est mal
20.
Pour l'amour
Pour l'amour vous n'avez plus l'âge
Votre sang est devenu sage
Votre chair est devenue molle
Et vos seins se rapprochent du sol
Pour l'amour vous n'avez plus l'âge
Vous ne savez plus, plus faire naufrage
Vous n'avez plus l'eau à la bouche
Ni la tempête quand on vous touche
Arrêtez de tordre vos mains
Je ne crois pas à vos chagrins
Les crocodiles pleurent comme vous
Oh, laissez-moi tordre votre cou
Pour l'amour vous n'avez plus l'âge
Votre corps est un marécage
Le moindre souffle y fait des plis
Il sent la vase et le moisi
Pour l'amour vous n'avez plus l'âge
Pourquoi bisser un mariage ?
Pourquoi vous maquiller d'ivresse ?
Vous étiez si belle en tendresse
Arrêtez de tordre vos mains
Je ne crois pas à vos chagrins
Les crocodiles pleurent comme vous
Oh, laissez-moi tordre votre cou
Arrêtez de tordre vos mains
Je ne crois pas à vos chagrins
Les crocodiles
Les crocodiles pleurent comme vous
Oh ! Laissez-moi tordre votre cou
21.
Le cimetière
Les fossoyeurs jouent au bowling
Têtes de turcs, têtes de kings
"Vous avez fait d'assez vieux os place aux jeunes "
Crient les morts nouveaux
Crâne roule et tourneboule
Qui es-tu revenant de terre ?
Tes yeux vides sont pleins de mystère
Avant la pelle, avant la pioche
A quoi ressemblais-tu caboche ?
Crâne qui roule et tourneboule
Quel chapeau te couvrait la tête
Une calotte ?
Une casquette ?
Que vendais-tu à la sauvette
Du Jésus ou de la courbette ?
Crâne qui roule et tourneboule
Quand tu avais, de ton vivant
Une langue derrière tes dents
Etais-tu poète ou menteur
Politiqueur ou bien chanteur
Qui es-tu revenant de terre
Tes yeux vides sont pleins de mystère
Quand ils pouvaient rire ou pleurer
As-tu aimé ?
As-tu aimé ?
22.
Ecoutez (intro)23.
Ecoutez
Ecoutez
Un nouveau mort vient par ici
C'est une pioche qui nous le dit
Ecoutez
Dans la terre on creuse un grand lit
Un lit pour éternelle nuit
Ecoutez
Quand un instant le vent s'arrête
On entend pousser des violettes
Ecoutez
C'est le jeune corps d'Ophélie
Qui à des fleurs, donne sa vie
24.
La mort d'Ophélie
Un saule penché sur le ruisseau
Pleure dans le cristal des eaux
Ses feuilles blanches
Ophélie tressant des guirlandes
Vient présenter comme une offrande
Des fleurs, des branches
Pour caresser ses boutons dœor
Pour respirer son jeune corps
Le saule se penche
Mais sous elle un rameau se brise
Le saule en pleurs la retient prise
De par sa manche
Ophélie lui dit quœil est bon
Quand le ruisseau dans un frisson
Casse la branche
Ophélie file au fil de lœeau
Qui vient gonfler son blanc manteau
Contre ses hanches
Son cri sώteint comme une joie
La boue immonde où elle se noie
Prend sa revanche
Un saule penché sur le ruisseau
Pleure dans le cristal des eaux
Ses feuilles blanches
25.
Je l'aimais il est fou
Je prendrai un couteau d'acier et j'irai dans la forêt.
Le jour, la nuit, sans m'arrêter, sur les arbres, je
graverai
"Je l'aimais, je l'aimais, je l'aimais".
Je prendrai un bateau d'acier et j'irai sur l'océan.
Je chercherai des ouragans et face au vent, je crierai
"Je l'aimais, je l'aimais, je l'aimais".
Je prendrai un casque d'acier et j'irai chercher bataille
Et au milieu de la mitraille, en mourant, je hurlerai
"Je l'aimais, je l'aimais, je l'aimais".
26.
Le duel
Elle peut venir quand il faut pas
Comme un cheveu sur la soupe
Comme un as sous la coupe
Au moment de dire "bonjour"
Au beau milieu de l'amour
C'est tellement con la mort !
Je vous souhaite le bonjour, Monsieur
Et si c'est le dernier
Je vous souhaite la belle mort, Monsieur
Elle peut venir de n'importe où
Elle peut vous tomber d'en haut
Comme l'éclair ou le couteau
Ou bien venir de trop bas
Comme le serpent, le Judas
C'est tellement con la mort !
Je vous souhaite le bonjour, Monsieur
Et si c'est le dernier
Je vous souhaite la belle mort, Monsieur
Elle peut venir n'importe quand
Au printemps comme en hiver
Qu'on s'en moque ou qu'on l'espère
Qu'on soit deux ou seul pleurant
Mais jamais au bon moment
C'est tellement beau la vie !
Je l'aimais - Je l'aimais
Je l'aimais - Je l'aimais
27.
La mort d'Hamlet
Je l'aimais
Je l'aimais
Je l'aimais
Je l'aimais
Je l'aimais
Je l'aimais
Je l'aimais
Quelques vérités
Un peu de passion
Un fil de l'épée
Un peu de poison
Et le rideau tombe
C'est la fin du monde
Un peu de colère
Un peu de souffrance
Un peu de prière
Si peu d'importance
Et le rideau tombe
C'est la fin du monde
28.
Le rideau tombe
Je l'aimais
Je l'aimais
Je l'aimais
Je l'aimais
Je l'aimais
Je l'aimais
Je l'aimais
Quelques vérités
Un peu de passion
Un fil de l'épée
Un peu de poison
Et le rideau tombe
C'est la fin du monde
Un peu de colère
Un peu de souffrance
Un peu de prière
Si peu d'importance
Et le rideau tombe
C'est la fin du monde